• Deuxième bataille de la Marne

     

    L'historique du 15 juillet au 11 novembre 1918

     

    Le 15 juillet 1918, il est de nouveau embarqué en camions-autos et débarqué en pleine nuit aux abords de Vauxchamps.
    C'est que depuis le 15 juillet au matin, les Allemands ont déclanché une formidable offensive sur le front compris entre l'Argonne et la région de Château-Thierry. Arrêtée net en Champagne à l'est de Reims, la ruée ennemie a réussi à franchir la Marne à l'ouest d'Epernay et à creuser une hernie dans nos lignes entre Dormans et Montvoisin.
    C'est à réduire cette hernie et à refouler les Allemands sur la rive nord de la Marne que le 41eme va coopérer.
    Les Allemands, refoulant le 33eme colonial, ont atteint la ligne Montvoisin - la Cense-Carrée - Chêne-la-Reine - Le Mesnil-Huttier.

    L'attaque est fixée pour le 17 juillet à 11 heures; le régiment doit déboucher du bois de Boursault et attaquer en direction générale d'OEuilly, les 1er et 2eme bataillons en première ligne, le 3eme en réserve.
    A 11 heures, les premières vagues débouchent des bois dans un ordre parfait et dans le plus grand calme. On croirait assister à une évolution sur le champ de manoeuvre. Le barrage d'artillerie ennemie ne ralentit pas le mouvement. A midi, la ligne occupée par les coloniaux est dépassée.

    Les mitrailleuses ennemies entrent alors en action; elles sont en batterie sur les mamelons cote 235-239, à la Cense-Carrée.
    Notre barrage roulant ne les fait pas taire, nos mitrailleuses et nos fusils-mitrailleurs doivent riposter à leur feu. Sous leur protection, la progression reprend. Mais l'ennemi se renforce, le 2eme bataillon subit de lourdes pertes; il doit s'arrêter devant la cote 239, tandis que le ter bataillon, effectuant un mouvement enveloppant, enlève d'assaut la Cense-Carrée, dont il fait la garnison prisonnière, et atteint les abords de Montvoisin, en liaison avec les cavaliers à pied.
    A gauche du 41eme, le 14eme R. I. a enlevé Chêne-la-Reine et le Clos-Davaux.
    Toute la nuit, le combat se poursuit, une fusillade nourrie est entretenue de part et d'autre.

    Le 18 juillet à 5h35, après une violente préparation, l'assaut est donné par les 1er et 2eme bataillons, renforcés par le 3eme bataillon, à la crête cote 235-239. Il ne réussit pas. Le nombre des mitrailleuses ennemies paraît avoir augmenté, nos vagues d'assaut sont fauchées. Sans se décourager, le 1er bataillon, à droite, reprend sa progression par infiltration à travers les bois et réussit à encercler la cote 235. A 15 heures, un nouvel assaut est donné. L'ennemi s'enfuit, abandonnant des mitrailleuses sur le terrain, qui est couvert de morts et de blessés. A droite, les
    cavaliers à pied ont enlevé Montvoisin. A gauche, le 7eme R. I. est venu s'installer entre le 41eme et le 14eme, et a pris comme objectif la cote 239.
    A 18h30, un obus malheureux atteint mortellement le commandant Jouanneau, le capitaine Richard et le capitaine Knecht au moment où ces braves officiers examinaient le terrain en vue d'une poursuite de l'offensive.
    Pendant toute la nuit, nos patrouilles, poussées au contact de l'ennemi, sont reçues à coups de feu à la lisière est d'Oeuilly, que nous attaquerons en vain, toute la journée du 19 sans réussir à l'enlever.

    Pendant la nuit du 19 au 20 juillet, nous parvient la nouvelle que le gros des forces ennemies repasse la Marne. Nos patrouilles lancées sur Oeuilly n'éprouvent plus aucune résistance. A 5 heures,
    elles ont atteint la Marne. L'ennemi s'est dérobé.

    Ainsi, le 41eme s'est battu les 17, 18, 19 et 20 juillet. Bien qu'amené sur le champ de bataille dans des conditions défavorables, il a réussi à briser l'offensive de l'ennemi, à le refouler, enfin à le contraindre à repasser la Marne. Il a enlevé de haute lutte des points d'appui fortement occupés, faisant subir à l'adversaire des pertes considérables, capturant de nombreux prisonniers et un énorme matériel. Mais ce succès lui avait coûté cher : 133 tués, dont 9 officiers, 445 blessés, dont 17 officiers.

    A la suite de cette brillante opération, le 41eme est cité à l'ordre du corps d'armée.
    Le général commandant le 1er corps de cavalerie cite à l'ordre du corps de cavalerie :

    Le 41eme régiment d'infanterie, amené précipitamment dans la bataille, a, sous le commandement du chef de bataillon Jouanneau d'abord, puis du colonel Martinet, réussi pendant quatre jours de combats consécutifs, les 17, 18, 19 et 20 juillet 1918, à briser l'offensive de l'ennemi, à le refouler de points d'appui fortement organisés et enfin, par des attaques répétées, l'a contraint à repasser la Marne.

    En outre, s'étaient particulièrement distingués : Le commandant Jouanneau; les capitaines Knecht, Richard, les lieutenants Masselot, Noblet, 1dénez, Chevalier, Ducher, les sous-lieutenants Chartier, 3lorin, Lafaille, le médecin aide-major Szelechowsky, les adjudants Connan et Billet, les sergents Charpentier, Bacheley, Belouet, les soldats Sévessand, Audoin, Nussbaum, Danré, Tassel.

    Le 41eme est ensuite dirigé au sud de Reims, dans le secteur de Verzenay, où il reste jusqu'au 24 aoùt, soumis à de violents bombardements, dont beaucoup à l'ypérite, et où il subit quelques pertes.

    Il est, de là, transporté par voie ferrée dans la région nord de Lure, puis, par camions, à la crête des Vosges, dans le secteur du Linge, où il est chargé, pendant quinze jours, de l' « information » du 51eme régiment d'infanterie américain.

    Le 15 septembre 1918, il est mis en route sur Baccarat, et, dès le 17, il est chargé d'occuper le sous-secteur de Badonvillers.

    Jusqu'au 1er novembre, il restera dans ce secteur, repoussant victorieusement toutes les tentatives faites par l'ennemi pour pénétrer dans nos lignes et effectuant, par contre, plusieurs hardies reconnaissances au milieu des lignes allemandes qui permirent au capitaine Chalon, au sous-lieutenant Albinel et au caporal Le Maréchal de se signaler.

    Le 10 novembre, le 41eme était en mouvement pour venir se rassembler derrière la forêt de Parrov en vue d'une offensive imminente projetée entre Nancy et les Vosges; le 11 novembre, l'armistice était signé et les hostilités suspendues. La période héroïque de la guerre était close.

    Sur tous les champs de bataille où il a paru, le 41eme a généreusement versé son sang. Jamais il n'a abandonné un pouce du terrain confié à sa garde; toujours il s'est rué, tête baissée, sans hésiter, sur l'ennemi, quelque puissants que fussent ses moyens de défense. Il a largement contribué à la victoire.
    Les fils de la vieille terre bretonne ont bien mérité de la patrie et c'est le front auréolé de gloire qu'ils rentreront dans leur pays natal.

     

     

     

    extrait de l'historique sommaire du 41e 

    HENRI CHARLES-LAVAUZELLE

     


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