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    Le plateau, allongé ouest-est de la ferme d'Heurtebise, sur lequel se développe le Chemin-des-Dames, est, depuis le 15, le théâtre d'un combat violent qui met aux prises avec les Allemands des éléments du 18eme C. A., le 12eme R. I. et un régiment mixte d'Afrique, composé de zouaves et de tirailleurs.

    Les Allemands s'efforcent de déloger les Français de la bordure sud du plateau à laquelle ils se sont cramponnés.

    Dans la soirée du 17, le 1er bataillon est amené de Vassognes sur les pentes de la ferme Heurtebise, les 3eme et 4eme compagnies à l'ouest de la ferme Creute, entre les zouaves et les tirailleurs, les 1ère et 2eme compagnies au sud de la ferme Hurtebise, en soutien du 12eme R. I. qui tient la ferme.

    Dans la matinée du 18, les éléments du 3eme bataillon et le lieutenant-colonel Delmas, commandant le régiment, sont rapprochés du 1er bataillon et placés en soutien sur les pentes sud de la ferme Creute.
    Pendant toute la journée du 18, la nuit du 18 au 19, la matinée du 19, la position est l'objet, de la part des Allemands, d'un bombardement d'une extrême violence, au cours duquel le docteur Bonhomme est tué, alors qu'il effectuait un pansement sur un blessé.

    Le 19, à 9h30, une attaque ennemie débouchant du monument d'Hurtebise déferle sur la droite du 1er bataillon; un corps à corps se produit, les 3eme et 4eme compagnies conservent leurs tranchées; à 14h30, nouvelle attaque des Allemands qui n'obtient pas de meilleur résultat. La 1ère compagnie a dû se déployer, à droite de la 3eme, à l'est de la ferme Creute.
    La nuit se passe en tirs de mousqueterie et d'artillerie presque ininterrompus. Au point du jour, les Allemands déclanchent une nouvelle et puissante attaque à l'est de la ferme Creute. La lutte est extrêmement acharnée. Tout le 1er bataillon est engagé, des fractions du 3eme bataillon viennent le renforcer. Des combats à la baïonnette se produisent. Le lieutenant Courtemanche, le sous-lieutenant Autier, le sergent-major Allioux sont tués, le lieutenant Richard est blessé. Vers 16 heures, l'attaque est définitivement enrayée, grâce à nos contre-attaques appuyées par l'artillerie. Le bombardement reprend bientôt et continue toute la nuit.

    Le 21, au petit jour, nouvelle attaque sur notre gauche arrêtée net par nos barrages d'artillerie.
    A 17 heures, attaque violente sur Hurtebise, que le 12eme doit évacuer, en raison de l'incendie que l'artillerie allemande y a allumé. Mais cette attaque ne parvient pas à déboucher d'Heurtebise.
    Le bombardement reprend et ne s'arrête plus jusqu'au 22.

    Depuis le 17 au soir, le 41eme est dans une situation extrêmement pénible : soumis à un bombardement d'une extrême violence, dans des tranchées à peine ébauchées, il reçoit à plusieurs reprises le choc de forces très supérieures en nombre, auxquelles il inflige de lourdes pertes sans perdre un pouce de terrain.

    A la suite de ces cinq jours de combat, le général de Maud'huy, commandant le 18° C. A., écrivait au colonel Passaga, commandant la 38eme brigade :

    Les deux bataillons du 41eme (1er et 3eme), très engagés sur le front de la 36eme division, seront relevés, si ce mouvement parait possible, pour être dirigés sur Ventelay. Ils ont été sérieusement éprouvés et vous reviendront considérablement amoindris. Le général commandant le 18eme C. A. se propose de les citer à l'ordre du corps d'armée pour le vaillant et brillant concours qu'ils lui ont prêté. Il appuiera très fortement les demandes de récompense qui lui seront proposées.

    Ayant échoué dans leur offensive sur Paris, les Allemands vont essayer de tourner notre gauche, et, poussant sur Arras et Calais, de nous couper de la mer du Nord. Il s'agit, pour nous opposer à leur projet, de prolonger rapidement notre ligne, de constituer avec le concours des armées belge et anglaise un nouveau front face à l'est, de Noyon à la mer. C'est une course de vitesse à laquelle va participer le régiment.

    Après plusieurs jours de marche suivis d'un transport en camions-autos, d'un autre en chemin de fer, le 41eme se trouve, le 28 septembre 1914 au soir, dans la région nord-est d'Amiens.

    Le 2 octobre 1914, le 1er bataillon est à Hénin, les 2eme et 3eme autour de Mercatel.

     

     

     

    extrait de l'historique sommaire du 41e 

    HENRI CHARLES-LAVAUZELLE

     

     


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